De l’autre côté
Longtemps j’ai voulu cacher ce que je n’aimais pas de moi. Les zones sombres de mon passé. Ces parts dont je ne suis pas fière. J’ai eu honte de ce cœur que je jugeais trop petit, trop fermé. De cette impossibilité à m’abandonner à l’autre. Cette sexualité que j’aurais aimé plus libre, plus respectueuse, plus ancrée. Cette tendance à ne pas m’écouter ou à ne pas incarner ce que je transmets. J’ai longtemps jugé mes sœurs. Je me suis beaucoup comparée. J’ai souvent voulu briller plus fort. J’ai nié ma famille parfois. Abandonné ceux que j’aimais. Je n’ai pas été fiable. J’ai été égoïste. J’ai disparu quand on avait besoin de moi. Je ne suis pas fière de tout ce que j’ai été. Et je suis repassée par tant de douleur pour arriver à nouveau à ressentir mon cœur.
Et quand je regarde ces parts d’ombre aujourd’hui, j’y vois quelque chose de beau et de sacré. J’y vois un cœur d’humaine qui se regarde en face et qui s’accepte. Une femme qui ne résiste plus à ce qu’elle a été.
Et puis il y a quelques jours j’étais en cercle avec d’autres femmes. Et nous avons enlevé nos masques. Les uns après les autres. Avec beaucoup de courage. Pour plonger dans ces parties de nous que nous n’avions jamais visitées. Celles qui nous font honte. Celles qui nous font peur. Celles que nous pensions ne jamais pouvoir aimer. Et vous savez ce que j’y ai vu? De la beauté, juste de la beauté. Sur ces visages nus, dévoilés. Ces voix empreintes de fragilité. Ces armes posées à terre. Et ces cœurs sans protection. Sans défense. Prêts à se regarder.
Il y a tant de lumière qui nous attend de l’autre côté. Tant de joie et de liberté. D’amour pur. De connexion vraie. Il y a tant de médecine dans ces ombres que nous portons malgré nous. Parce que c’est lorsque nous regardons avec courage et sincérité tout ce que nous sommes que nous pouvons enfin aimer l’autre dans tout ce qu’il est.