Aujourd’hui je réalise que tout mon chemin de guérison s’est inscrit dans cette quête de retrouver mon corps et cet amour pour lui. De le sentir à nouveau, de le toucher, de l’habiter, d’oser l’incarner. Parce qu’il est ce pont entre les mondes. Celui qui me permet d’être cette femme ancrée dans ses racines, puissante dans son ventre mais aussi cette femme qui voyage et qui parle à l’invisible.

Mais revenir dans son corps, après tant d’années, après toute une vie, ça fait mal. De ressentir à nouveau tout ce qui a été blessé, renié, oublié.

La grossesse a été pour moi ce voyage de retour à la chair, à la matière brute. J’ai souffert comme je n’avais jamais souffert, physiquement. Chaque partie de mon enveloppe hurlant pour que je la récupère, pour que je l’honore, pour que je me souvienne. La douleur a été présente chaque jour. Mais elle a été ma plus grande enseignante. J’en ai d’abord voulu à mon corps. Je m’en suis voulue de ne pas avoir su prendre soin. J’ai voulu faire marche arrière, annuler ce souhait qui m’était pourtant le plus cher.

Et puis derrière la douleur, j’ai entendu autrechose. J’ai entendu mon corps me dire qu’il était temps. Qu’était venu le moment. Pour nous. De faire la paix. Qu’il n’était pas trop tard, qu’il me pardonnait et que je pouvais lui faire confiance. Qu’il devait aujourd’hui simplement reprendre sa place. Alors je me suis inclinée et j’ai laissé faire.
Et j’ai compris que ce petit être venait pour me faire ce cadeau; celui de me réconcilier avec ce que j’ai de plus cher.

Alors à toi mon corps,
Mon tendre ami,
Mon partenaire.
Merci.