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Des mois que je n’écris pas ici

Ni ailleurs d’ailleurs. Des mois que je ne pratique pas. Que je ne cherche plus à guérir, à apprendre, à comprendre, à plonger, à changer ou à améliorer les choses. Je vis ce temps à part avec une simplicité que je n’avais jamais touchée.

Laissant le quotidien reprendre peu à peu sa place. Les gestes simples. La vie de tous les jours. Ordinaire et monotone. Comme un vent tiède de soir d’été qui caresse ma peau. Je respire enfin. Des mois que j’ai mis ma vie sur écran de côté. Que je renoue avec mon corps. Avec mes sens. Avec ces formes et ces couleurs qui m’entourent; des paysages que, rivée sur un monde virtuel, je ne parvenais plus à regarder. La vie qui respire. Et ce désir délicat de me déposer dans la réalité du moment. Sans chercher dans l’invisible. Laissant se fondre le sacré dans ce qu’il y a de plus ordinaire. Toute ma vie j’ai eu peur de l’ennui. De la monotonie. Je suis passée à côté de la beauté de la simplicité. Alors j’ai recherché longtemps l’intensité. Ce goût du trop qui s’est parfois retourné contre moi. Qui m’a épuisée. Qui m’a fait traverser le monde aussi. Vivre les expériences les plus fortes et les plus belles. Comme s’il fallait que je fasse et prouve quelque chose pour avoir le droit et l’impression d’exister. Et j’ai une grande tendresse pour cette partie de mon histoire que j’ai été. Mais aujourd’hui en me laissant vivre, sans but et sans attente, sans lieu à rejoindre ou tâche à accomplir, j’ai le sentiment pour la première fois de me rencontrer, de découvrir mon corps, de sentir mon coeur battre, ma peau respirer, mes sens s’éveiller. Au fond je ne crois pas que tout ceci soit une pause. Je sens qu’en moi quelque chose a profondément changé. Comme un nouveau sens. Une nouvelle conscience. Et cette certitude que tout ce que j’ai traversé, transcendé, pansé et réparé jusque là avait pour mission de me ramener à cet endroit.