Maternité

Il y a 2 jours je n’ai rien eu envie de partager pour la fête des mères.

J’avais presque oublié. Et puis quand je me suis levée, il y avait une petite rose posée sur mon assiette de petit-déjeuner. Ce matin-là, j’étais avec ma sœur et sa fille. Pour la première fois, quelques jours avant, elles se rencontraient. Ça m’a touchée que ce soit pour cette date. Et en même temps quelque chose s’est serré.

Nous avons fait une photo toutes les 4 devant leur maison pour se dire au revoir. Je la trouve tellement belle. Je nous revois nous deux, petites filles. Et aujourd’hui je nous regarde, nous deux, portant nos petites filles. Je nous revois nous deux nous disputant, nous comparant, ayant parfois du mal à nous aimer. Mais je nous revois surtout dans les coups durs, ensemble. Je ne crois pas que j’aurais pu traverser tout ce que nous avons traversé si elle n’avait pas été là. Je ne crois pas que je serais celle que je suis si ma mère ne lui avait pas donné la vie. Je n’aime pas cette fête. Je ne l’ai jamais vraiment aimée. Peut-être parce qu’elle me parlait de l’absence, de la distance, de toutes ces années gâchées, de tout ce temps séparé, des bras d’une mère qui m’ont si longtemps manqué. Peut-être parce qu’elle me parlait de cet amour si complexe, de la souffrance du passé, des mauvais souvenirs. De mon ventre vide. Peut-être surtout parce que ces femmes, ces mères méritent d’être vues, d’être reconnues, d’être célébrées chaque jour.

Et puis quand je regarde cette photo, je vois les deux mères que nous sommes devenues. Je ne sais pas quelle mère je serai. Je ne sais pas si un jour ma fille aura envie de me célébrer. Si un jour on s’en voudra, si un jour on fera semblant, si un jour on se blessera.

Mais aujourd’hui j’ai envie de célébrer ce jour que nous avons passé. Les fleurs dans le jardin, le soleil tout haut dans la ciel, ce sentiment d’être en famille, l’image presque parfaite de ce que nous sommes devenues, les crêpes sucrées, les petits cris des filles qui ont joué.
Mais surtout l’histoire qu’il est chaque jour possible de réécrire. Et le présent, ce présent-là, qui peu à peu, avec tant de simplicité, parvient je crois à effacer le passé.