Il y a plusieurs semaines nous sommes retournés à un concert pour la première fois.
J’ai adoré être là avec ma fille contre moi. Sortir après des mois. Voir du monde. Regarder le coucher de soleil sur la plage. Passer un moment presque comme avant.
Au milieu de la soirée Miguel m’a proposé de la porter pour que j’aille danser. J’ai toujours de la peine à me séparer d’elle. A la voir dans d’autres bras. Même parfois ceux de son papa…
Mais j’ai accepté. Et avec un peu de mal, je me suis éloignée. Seule.
Je me suis retrouvée les bras ballants sur la piste. Sans trop savoir quoi faire de moi. J’ai regardé ces 2 hommes si beaux, si purs qui offraient de la poésie à mon cœur, de l’amour à mes oreilles. J’ai senti mon corps vide, mes bras vides. 15 mois que mon corps et le sien ne font qu’un. J’ai senti toutes les douleurs et les tensions accumulées cette année, tout ce qu’il a porté et enduré.
Puis soudain j’ai senti une légèreté. Une insouciance à être là, juste avec moi. J’ai senti tout l’espace à l’intérieur et autour. L’amplitude de mes mouvements pour la première fois. Et j’ai posé mes mains sur mon corps. Mon ventre. Vide. J’ai posé mes mains. Et j’ai pleuré. J’ai pleuré comme ça pour la première fois depuis tous ces mois. J’ai pleuré de prendre un moment avec lui. J’ai pleuré lorsqu’en silence il m’a dit; « we did it. » J’ai pleuré parce que oui. Lui et moi. Ensemble. On l’a fait.
J’ai eu des flashs de ma vie d’avant. De mon corps d’avant. De mon cœur d’avant. Et je me suis vue ce soir-là sur la piste, cassée en deux, fatiguée, remplie, vidée, tellement reconnaissante, tellement heureuse, le corps tout cabossé. J’ai entendu toutes mes prières pour arriver là où je suis. Et j’ai réalisé avec grâce qu’elles avaient été entendues. J’ai ressenti toutes les peurs qui m’avaient paralysée et je me suis aperçue que nous étions là, elle et moi, vivantes et en bonne santé. J’ai revu mon corps souffrir, vomir, puis s’arrondir, s’alourdir, se contracter, s’ouvrir, se laisser traverser, laisser passer. Puis porter, nourrir, bercer, se mettre au service, s’oublier pour apprendre à aimer d’une autre manière. Inconditionnelle. Illimitée.
Et là, dans mes larmes, j’ai eu l’impression de respirer pour la première fois. J’ai réalisé l’exploit que nous venions d’accomplir. L’exploit que toutes les femmes avaient accompli avant moi. Et continueront d’accomplir. L’exploit de la puissance insoupçonnée de nos corps. La perfection et l’immensité de la beauté de la nature.
Et je crois que ce jour-là j’ai retrouvé quelque chose qu’il y a longtemps j’avais perdu: la foi. En la vie, en l’amour, en mon corps. Et je peux le dire, aussi un peu je crois, en moi.