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La Médecine de la Rivière

Ne pas la voir.
Et pourtant au loin l’entendre.
Quelque part cachée dans cette nature sauvage.
Comme la marque de la vie qui est là et qui coule.
Quel que soit le temps qu’il fait.
Quelle que soit la saison.
Quelles que soient nos émotions.
La rivière est là.
Et elle chante.
Elle chante nos corps mouillés.
Elle chante la vie qui malgré les obstacles ne cesse jamais de couler.
Elle chante notre libération et notre guérison.
Elle chante malgré tout ce que nous y avons déversé.
Malgré les larmes, malgré les cris, malgré la rage, malgré la colère.
Descendre le petit sentier de pierres.
Et l’apercevoir.
Ecouter sa musique.
Regarder sa danse.
Sa robe qui brille de mille étoiles.
Il fait chaud. Si chaud.
L’air est épais. Irrespirable.
Pourtant sa robe danse sa fraîcheur.
Son eau glacée saisit nos peaux dénudés.
Le souffle coupé.
Puis elle nous apprivoise.
Nous enveloppe.
Nous emporte.
Nos robes blanches mouillées.
Avant de se déshabiller.
Nos pieds nus dans la terre.
Les petits cailloux de la rivière.
Puis nos regards qui se parlent.
Et qui soudain comprennent.
Qu’il fut un temps, nous étions ensemble.
Avant l’illusion que tout puisse nous séparer.
Qu’il fut un temps, nous étions une.
Avec la Terre, avec le vent, avec la Lune.
Comme si nous avions toujours été là.
Ensemble.
Ma main sur ta peau froide.
La tienne sur sa cuisse.
Nos voix qui chantent la pureté de cet instant et qui se perdent dans le bruissement des feuilles qui nous abritent.
Nos corps nus si beaux, si uniques, si imparfaits.
Un fil rouge autour du poignée.

Rituel de la Rivière, lors de la retraite de femmes « Dans nos ventres » sur les terres sacrées du Portugal.