Il y a longtemps. J’ai perdu confiance. Cette certitude infaillible que la vie serait toujours là pour moi. Quoi je fasse. Quoi qu’il arrive. Cette vibration au creux de mon être qui sait que je peux me détendre. Et m’en remettre. Parce que quelque chose de plus grand que les évènements, de plus fort que les épreuves est là pour me rattraper. Chaque fois que je tombe.

Cette étincelle je m’en souviens encore, comme si c’était hier. Pourtant elle m’a échappée. Et je ne parviens pas à saisir le moment où c’est arrivé. Où j’ai commencé à croire que je devais contrôler pour pouvoir survivre.

Que s’est-il passé? Pour que je m’en sois autant éloignée. Comme si la vie ne savait pas ce qu’elle faisait. Alors qu’elle le sait. Et que ça je le sais aussi.

J’ai cru que j’avais la foi. Alors qu’au fond de moi je crois ne pas mériter. Je crois devoir agir pour changer le cours des choses. Changer ce qui est. Faire, acquérir, améliorer. Pour échapper à ce que je pense être une fatalité.

Alors que la vie sait mieux faire que moi. Elle sait être. Et me montrer celle que je suis déjà. Celle qui a confiance. Celle qui avance sans défense. Qui sait voir qu’elle est aimée telle qu’elle est. Que malgré les ombres au tableau, tout est parfait. Qu’il n’y a rien d’autre à faire que de se laisser porter. Comme une feuille sur le lit de la rivière.

Pour la première fois depuis longtemps, j’ai retrouvé cette partie de moi. Et quand je la regarde dans le miroir. Je vois un autre visage. Ses épaules sont relâchées. Son regard est clair. Elle n’a pas encore reçu de la vie tout ce qu’elle attendait. Mais elle est là. Et elle n’a pas laissé tomber. Elle ne s’est pas résignée non plus. Elle touche du bout de ses doigts la beauté de ce qu’elle a déjà. La grâce avec laquelle, malgré tout, la vie se déploit.