Quel voyage. Tous ces mois à te sentir peu à peu prendre ta place. Dans ma chair, entre mes os. A fermer les yeux pour t’imaginer. A deviner qui tu es. D’où tu viens. Ce que tu es venue incarner dans cette vie-là.
Toutes ces années à t’attendre, à t’entendre. Petit point de lumière qui m’a si longtemps guidée.

A t’espérer sans le savoir, parfois le coeur encore fermé, pas tout à fait prêt. A faire ce grand saut. A tout laisser derrière. La petite fille que j’ai été. L’histoire que je me suis racontée. Mon corps de souffrance et mon passé. Pour vivre l’expérience de la transcendance.

Comme j’ai peur. Et comme je suis impatiente. Comme j’aimerais arrêter le temps. Te sentir dans mon ventre pour toujours. Plonger encore plus loin dans cette relation à toi, sans mots, sans regard. Parce que je n’ai besoin de rien pour comprendre tes mouvements, entendre tes rythmes, sentir mon coeur s’étendre, s’élargir à mesure que mon ventre s’arrondit de toi.

Je me sens prête et je me sens puissante. Tellement honorée d’être une femme, de vivre l’expérience ultime qui me transformera, me fragmentera, m’ouvrira dans ma chair et dans mon coeur.

J’oublie déjà qui je suis. J’ai l’impression de ne plus rien savoir. De n’avoir jamais rien vécu jusque là. Je me sens minuscule face à l’immensité du voyage qui m’amènera à te rencontrer.

Je me sens prête et pourtant je me réveille la nuit devant un vide qui m’engouffre. J’ai le vertige. Je quitte doucement ce monde. Je pense à l’intensité. A l’immensité. Aux vagues. Au ras de marée qui emportera tout ce que j’ai su, tout ce que j’ai vécu. Pour laisser la place à qui tu es. À ce que j’ai à apprendre à tes côtés. Petit être magnifique, mystérieux, si tendre, si fragile et si grand à la fois. Parce que tu es la plus grande enseignante que j’ai connue jusque là.