Là où je suis
Ces derniers mois, j’ai tellement donné. J’ai donné les dernières forces qu’il me restait. J’ai donné mon cœur. Mon courage. Ma sincérité. J’ai donné au point d’oublier tout le reste. Comme si rien d’autre ne comptait. Juste être là pour vous, vous écouter, vous donner une présence, offrir un passage à vos larmes, reconnaître vos blessures.
Et mille fois je me suis demandé comment j’allais faire. Où je trouverai la force. Pour vous tenir la main, vous ouvrir un chemin et honorer votre courage d’avoir fait ce pas.
J’ai eu envie de faire marche arrière parfois. De disparaître. De tout arrêter. De dormir pour oublier combien j’étais fatiguée.
Et puis chaque fois il y a eu quelque chose de plus grand que moi, de mystérieux et d’impalpable qui est venu me chercher et me soulever de terre.
Chaque rencontre est venue me rappeler pourquoi j’étais là. Pourquoi j’avais un jour écouté cet appel plus fort que moi. Pourquoi il était important de nous réunir, de faire entendre nos vérités, d’écouter à nouveau nos cœurs et de faire vibrer notre humanité.
Aujourd’hui je suis arrivée en haut de la montagne. Et j’ai l’impression d’avoir tout traversé. Le plus beau comme le plus difficile. Le plus puissant comme le plus confrontant.
Et quand je regarde le paysage de l’autre côté, je vois un grand vide qui m’attend, du temps pour me reposer, la peur de m’ennuyer, des souvenirs indélébiles aussi qui me marquent à jamais. J’entends vos voix qui chantent au loin. Nos cœurs qui battent et qui se pardonnent. Nos larmes qui retrouvent l’océan.
Et puis l’inconnu au loin. Cette terre que l’on ne voit pas, qui nous fait peur parfois mais qui existe quelque part.
Là où je suis, le vent souffle doucement. On dirait qu’il veut me montrer la direction. Qu’il emporte au loin l’amour que l’on a semé, les prières que l’on a déposées, l’espoir que l’on a retrouvé et la grâce de chaque instant passé.
Je l’entends déposer sur le monde de demain un voile de tendresse et de confiance. Et nous rappeler que peu importe combien nous sommes, nous sommes assez pour faire la différence.