Al otro lado de la piel
De l’autre côté de la peau
Je sens tes ailes qui me caressent. Un monde entier que je découvre. L’infiniment petit qui s’ouvre sur l’infiniment grand.
J’imagine les battements, l’obscurité, la tiédeur. La texture de l’eau qui porte tes mouvements. Ton coeur qui a choisi mon coeur. Avec toi j’entre dans le plus grand des mystères. Petite vie que j’ai tant espérée. Esprit d’amour qui me guide et me protège depuis toutes ces années.
Moi qui ai longtemps pensé ne pas te mériter. Ne pas être capable. Ne pas savoir faire. Moi qui ai pensé ne pas être digne de ce miracle et de ce secret. Moi qui ai douté de mon corps, de ma capacité à porter ton corps. Qui apprends aux femmes la magie de leur ventre mais qui avais perdu foi en cette enveloppe vide de toi. Moi qui t’ai portée dans chacune de mes prières avant de pouvoir te porter dans ma chair. Aujourd’hui je sais que tu m’as choisie parce que je saurai faire.
Tu m’apprends à aimer et à accepter tout de moi, avant de me montrer comment t’aimer toi. A faire la paix avec ce corps que toute ma vie j’ai jugé et maltraité. Devant lequel aujourd’hui je m’incline parce que j’en mesure le miracle, la sagesse et l’incroyable beauté. Ce corps dans lequel un jour j’ai atterri et qui, sans que je n’ai rien à faire, fabrique l’enveloppe magique qui portera ton esprit et l’histoire que ton âme a choisie.
Il m’a fallu traverser tant de choses pour arriver jusqu’à toi. Pour recueillir ta graine dans mes terres. Il m’a fallu retourner dans le passé et reconnaître notre histoire. Traverser nos douleurs et libérer nos mémoires. Honorer l’amour de ces femmes avant nous, celui que malgré le temps qui passe, les souffrances et l’oubli a voyagé pour nous retrouver.
Je sais aujourd’hui que les rivières de larmes qui ont coulé sur mon ventre m’ont appris le chemin vers toi.
Il nous reste tout à parcourir. Le plus beau comme le plus dur. Parfois la peur est là. Celle de te perdre. Celle de me perdre aussi. Mais en regardant le lac ce matin, en sentant le vent nous envelopper, j’ai su plus que jamais que nous étions protégées.