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Au fond de ma grotte

Je suis seule. Nue. Toutes les couches sont tombées. Il fait noir. Certains jours je m’y sens si bien que je me demande comment je vais pouvoir en sortir. D’autres jours j’ai peur. Je laisse remonter tout ce que je n’ose pas rencontrer. Quand je fais du bruit. Quand je m’agite.
Je suis au bord du vide. Il n’y a rien. Je ne sais pas comment l’accueillir. Comment lui parler. Quoi lui dire. Il me fait peur. Il me rend ivre.
Je laisse remonter. Parfois c’est une vague puissante qui jaillit et qui m’emporte. D’autres fois j’attends. Je laisse venir. Parce que je dois le vivre. Le regarder. Le ressentir.

Je fais beaucoup de rêves. Certains me ramènent à un temps très lointain. Certains me mettent mal à l’aise. Mais je laisse faire. Car je sais. Je nettoie. Je déracine. C’est profond.
Et je laisse le vent m’emmener plus loin. Dans ces coins de moi que j’avais oublié. Là où c’est plus doux. J’y trouve de la paix. Je laisse le vent souffler. Balayer. Dépoussiérer. Remettre en mouvement. Remettre à sa place.

Parfois j’ai envie de fuir. De faire du bruit. De retrouver la folie. L’agitation. Pour ne plus écouter. Pour ne plus plonger. Mais je décide de rester. Là. Parce qu’il est venu le temps pour moi de regarder. D’ouvrir l’espace. De faire face. A ce qui grandit dans mon ventre. Cette graine qui est là, qui l’a toujours été mais que je n’avais jamais trouver le courage d’arroser.