Mon temple,
Mon vaisseau,
Cette enveloppe magique qu’un jour mon esprit a décidé d’habiter.
Ses vallées et ses collines.
Ses courbes et ses creux.
Ces traces qui racontent que le temps est passé.
Les marques et les cicatrices que j’ai appris à aimer parce qu’elles racontent une histoire, mon histoire, celle que j’ai choisie.

Ce corps que je n’avais jamais vraiment pris la peine d’écouter. Que j’ai oublié pendant des années. Longtemps j’ai cru pouvoir le faire passer après, le mettre de côté. Je n’ai pas cherché à le comprendre ni à l’honorer. Au lieu de ça, j’ai voulu voyager dans d’autres mondes, apprendre de l’invisible, des choses non tangibles que je ne pouvais pas toucher. Et je l’ai pris pour acquis. Je n’ai plus pensé à lui au point de ne plus le sentir.

Au delà de l’oubli, je l’ai poussé jusqu’à ses limites. Je l’ai épuisé, malmené. J’ai voulu effacer ses contours aussi, faire disparaître ses formes. Le contrôler comme je pensais pouvoir contrôler le reste de ma vie.

Pourquoi tant de haine pour ces corps sublimes que nous portons. Pourquoi les cacher, les camoufler. Pourquoi retirer, ajouter, effacer. Quand ce corps nous a été donné pour nourir notre lien le plus cher; notre lien à la Terre. Parce que renier notre corps, c’est renier la Nature. Pourquoi avoir si peur et si honte de la chose la plus précieuse et la plus sage qui nous ait été offerte. Ce corps qui sait comment faire, comment guérir, comment mettre au monde, comment vivre. Sans que nous n’ayons rien à faire.