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Ce que m’a dit la nuit

Je me souviens, petite fille, combien j’avais peur du noir. Je devais garder une veilleuse allumée toute la nuit pour me sentir en sécurité.

Aujourd’hui encore il m’arrive de craindre mes parts d’ombre. D’avoir peur de toucher profondément l’obscurité et de ne pas savoir comment remonter. Et j’ai envie de lumière, après toutes ces années de bataille. J’ai envie d’étoiles qui brillent, de cœurs qui rient, de simplicité et de légèreté.

Mais ces derniers mois ont été difficiles. J’ai touché le fond. Et cette vague fut si grande, si puissante qu’elle m’a submergée. Et que cette fois je n’ai pas eu la force de résister. De prétendre pouvoir continuer d’avancer, comme je l’ai toujours fait. J’ai d’abord eu du mal à me l’avouer. A poser des mots sur ce que je traversais, ce que je refusais d’entendre. A me dévoiler dans cette vulnérabilité-là, sans plus rien à quoi me raccrocher, face à celles et ceux qui m’ont toujours connue forte. J’ai prié des nuits entières pour ne pas que cela m’arrive. Pour lui échapper. A la nuit noire de mon âme que je devais traverser.

Pourtant la nuit m’a dit quelque chose; elle m’a dit que le noir était rempli de promesses. Parce que c’est là que prend forme la vie, dans l’obscurité du ventre de la mère. C’est là, dans cette étape primordiale et inévitable, que nous pouvons renaître. Il n’y a de vie sans obscurité. Pas de naissance sans souffrance.Et il y a derrière ce qui nous fait mal une grande sagesse à écouter. Ô combien il est difficile dans ces moments d’admettre que ce qui nous cloue à terre nous rendra plus libre, plus grand(e) et plus vivant(e).

Aujourd’hui, j’ai l’impression de respirer. Enfin. Comme si c’était la première fois. Mes larmes se mélangent à mon sourire. Et je ne sais pas combien de temps cela durera. La sensation de ce premier souffle après une si longue apnée. De ce premier battement de cœur. Mais ce que je sais c’est qu’il n’y a pas d’obscurité où nous ne puissions entrer sans y trouver l’amour.