6 mois que je vis reculée. Que je prends soin de moi. Que j’ai appris à faire une chose à la fois. A faire de moi ma priorité. A ralentir, peut-être pour la première fois.

Demain j’accueille un groupe de 17 femmes. 17 femmes qui malgré le contexte, malgré leurs peurs immenses de plonger en elles, malgré tout ce qui depuis des semaines semble vouloir nous empêcher de nous rassembler ont dit oui et ont décidé de faire ce pas vers elles.

J’ai l’impression de faire le grand saut. D’être une débutante. Que c’est la première fois. Elles me partagent leurs craintes. Si elles savaient ce que je ressens au fond de moi. Le doute. La peur de ne pas être à la hauteur. Et pourtant cet élan de l’intérieur, plus fort que tout. Il y a dans notre féminin une force qui pourrait soulever des montagnes. Et c’est cette force que malgré le brouillard ce matin je ressens.

Quel goût auront ces retrouvailles. Quelle saveur auront ces visages face à moi, ces mains que je peux toucher, enfin. Ces paroles déposées. Les peaux tièdes et bien réelles après cette année séparées.

J’ai tendance à tout vouloir préparer pour me rassurer. Comme si j’avais encore l’illusion de pouvoir contrôler quoi que ce soit. Alors que s’il y a bien une chose dont je suis certaine, c’est que tout est déjà décidé. Et qu’il n’y a rien à faire. Juste être là. Se laisser traverser par ce qui sera. Remercier la Terre d’être à nouveau ensemble. Prier nos cœurs pour qu’ils s’ouvrent encore. Et se rendre à ce que la vie a déjà prévu pour nous.

Ce matin, je regarde cette image qui en dit tant sur ces moments. La présence. L’intimité. Le soutien inconditionnel. Elle ressemble au monde d’hier. Alors je prie pour qu’elle ressemble au monde de demain aussi.