L’espoir d’un nouveau jour
Ce matin je regarde les paysages défiler devant moi. Nous quittons cette Terre qui m’a nourrie tant de fois. Qui a guéri mon cœur chaque fois que le chagrin m’emportait.
Je regarde le paysage par la fenêtre. Il y a du béton, des briques, du goudron. Les traces indélébiles de notre passage ici bas. J’y vois l’intrusion, les blessures, notre brutalité et notre inconscience. Tous ces signes qui me rappellent que nous avons choisi cette terre pour être notre maison mais que nous avons oublié de l’écouter, de la toucher, de l’honorer et d’être simplement avec elle.
Et puis je regarde un peu plus loin. Et là-bas, je la vois s’exprimer. Telle une femme sauvage. Elle me nargue avec sa grandeur et sa beauté. Ses montagnes rocheuses et immenses. Son eau calme et plate que rien ni personne ne semble pouvoir perturber.
Même lorsqu’elle est abîmée et qu’elle nous témoigne sa détresse, elle reste somptueuse. Cette grande dame. Même lorsqu’elle est piétinée, violée, arrachée, elle nous offre sa beauté.
Comment fait-elle? Est-ce l’amour inconditionnel qu’elle porte à ses enfants? Une mère peut-elle tout pardonner et continuer d’aimer comme si de rien n’était?
Parce que ce matin, alors que les larmes coulaient sur mes joues, je l’ai sentie me prendre dans ses bras et me murmurer combien j’étais importante pour elle. Sa brise m’a caressée pour me dire que tout irait bien. Son soleil s’est levé pour me rappeler qu’aujourd’hui serait plus doux qu’hier et que je peux croire en demain.
Moi qui n’ai pas toujours su la respecter comme elle me respecte, la regarder comme elle me regarde, l’accepter comme elle le fait chaque jour, à chaque fois que je pose mon pieds sur elle. Elle qui a créé la gravité pour me prouver son amour. Qui semble prête à tout endurer pour nous offrir chaque matin l’espoir d’un nouveau jour.
Mots déposés en quittant la Terre de la Sicile, cette mère brute et sauvage qui dans la douceur sait si bien me bercer.