Maternité

Ne pas oublier (partie 1)

Tout semble déjà s’être éloigné. La douleur s’est estompée avec le temps. L’intensité de cette expérience qu’au fond de mes tripes je n’oublierai jamais.

La douleur. Indescriptible. Le bas du ventre qui se déchire, le corps qui s’écarte pour laisser passage à ma renaissance.

La douleur. Inimaginable. Que je tâche de garder imprimée dans mes cellules, pour ne pas oublier. Ne pas oublier la force qui m’a traversée. Les cris, indomptables, venus d’un autre monde. Mais d’où peut bien venir cette intensité, la puissance des vagues qui me projettent au fond.
Vais-je trouver la force de remonter pour reprendre mon souffle quand l’océan se calme? Ou vais-je mourir. Là.
Vais-je survivre là où tant de femmes sont passées? Depuis la nuit des temps. Mais comment ont-elles fait?

Alors je me raccroche à elles. À toutes celles qui ont enfanté. L’espoir que tout peut-être n’est pas terminé. Que je vais vivre, traverser, m’ouvrir, baisser les armes et laisser passer.

La guerrière peut se rendre. Ici, il n’y a rien à réussir. Il n’y a plus besoin de se battre. Il y a juste à s’abandonner. À la manière dont la vie a décidé de se manifester. Ou à la mort de tout ce que j’ai été.

Mais qui vais-je bien pouvoir être après ça?
Pourquoi ne m’a t-on rien dit? Parce les femmes oublient. Pour continuer d’enfanter l’humanité.