Me laisser toucher. Atteindre ce cœur parfois si dur. Qui a encore du mal à s’ouvrir et à aimer. À regarder l’homme, lui faire confiance, lui pardonner. Mon cœur prisonnier de sa colère et de ce passé.

Et près de vous, me laisse toucher. Par vos fragilités. Votre délicatesse. Et votre pudeur. Cette retenue qui annonce notre plongée. Vous prendre par la main et initier la traversée. Celle dont on ne reviendra plus pareille.

Je quitte Gravito et chaque instant qui me rapproche de cette autre réalité me permet de prendre la mesure de la beauté, la profondeur, la subtilité mais surtout l’importance de ce que nous avons vécu. Toucher nos intimités les plus profondes. Renouer avec ce qui a été blessé ou oublié. Poser des mots. Oser nos vérités. Se l’offrir pour soi-même mais le faire pour tant d’autres. C’est une graine précieuse que nous avons semée. Celle d’une guérison intime et personnelle. Mais dont chaque instant vécu est venu se mettre au service de quelque chose de bien plus grand.

Ce matin, je me sens portée par une force à la fois douce et puissante; une caresse qui pourrait soulever des montagnes. Je nous souhaite de sentir combien elle est présente avec nous et nous accompagne. Telle une brise tiède qui nous montre le chemin et nous rappelle que tout ira bien.

Je garderai en moi l’empreinte de vos courages, de vos visages sous vos voiles, de vos courbes dans la rivière, de vos yeux mouillés de larmes qui nous montrent que derrière l’armure et les blessures le cœur bat. Et de ces fleurs. Ces fleurs aux mille couleurs qui nous rappellent que derrière tout ce qui doit mourir, la vie est là.
Je vous berce tendrement mes sœurs.
AHEY!

De retour de la retraite « Dans nos ventres » au Portugal aux côtés de 17 femmes bouleversantes, de Miguel Sevilhano et Hélène Gadoury