Tu n’as plus besoin de lutter
Toute ma vie j’ai lutté.
J’ai lutté contre mon passé, contre mon histoire, contre qui j’étais.
J’ai lutté pour devenir quelqu’un d’autre. Pour cacher ce dont je n’étais pas fière. Pour changer ce que je pensais être une fatalité.
Je me suis imaginé mille vies différentes de la mienne. J’ai essayé d’oublier. De ne pas ressentir. De m’anesthésier.
J’ai lutté contre mon corps pendant des années. Contre chaque morceau de chair qui pouvait dépasser. Et dieu sait combien je l’ai jugé et rejeté.
J’ai lutté pour ne pas montrer ma vérité. Pour prétendre, taire, masquer.
Peut-être pour me donner une chance d’appartenir et d’être aimée. C’est ce que je croyais.
J’ai lutté contre mes blessures pour ne pas souffrir.
J’ai même lutté contre l’amour, de peur d’être séparée.
Aujourd’hui encore je me surprends à lutter. Je lutte contre ma fatigue. Contre tous les signes de ce corps qui hurle parfois pour que je comprenne.
Je lutte contre l’évidence, contre la peur, contre ce qui a besoin de partir pour se transformer. Je m’accroche à ce qui a besoin de mourir. Parce que j’ai peur.
J’ai peur du vide. J’ai peur de l’inconnu.
J’ai peur de m’être trompée. De tout devoir recommencer. Et de ne plus avoir la force.
Et puis parfois j’entends une voix. Une voix que je connais et qui m’est familière. Une voix qui est venue me murmurer des mots tant de fois. Et que tant de fois je n’ai pas écoutée.
Pourtant cette voix est là, en moi. Et cette voix, elle sait. Elle sait que parfois il n’y a rien à d’autre à faire que de laisser faire. Elle sait combien quoi qu’il se passe, quoi qu’il m’arrive et quoi que je doive traverser, la vie est de mon côté. Elle sait que pour être, je n’ai plus besoin de devenir.
Et elle me répète ces mots encore et encore; “Tu n’as plus besoin de lutter parce que tu es déjà tout ce que la vie attend de toi”