Re-naissance (partie 1)
Il y a 6 semaines notre petite fille a transitionné du côté de la Terre.
Elle a choisi le lever du jour pour prendre son premier souffle. Les premières lueurs du soleil. Comme un nouveau départ pour nous tous.
Elle a choisi la lumière qui ose apparaître à l’horizon après la longue nuit qu’a été notre traversée, quand l’océan est redevenu calme.
Il a fallu 3 jours de vagues et de douleur à mon corps pour la laisser quitter ma chair. Percer nos eaux, vider mon ventre. Croiser son regard noir, sentir son corps chaud et glissant contre moi. Je n’ai pas de mots pour décrire ce que j’ai vécu, ce que je vis encore à chaque instant depuis.
Il y a l’inconnu, la solitude, cette nouvelle réalité à découvrir et à accepter. Des rivières de larmes qui ont coulé. Des semaines pour digérer la douleur et l’intensité, comprendre et accepter ce qu’il s’est passé.
Il y a eu l’attente, le désespoir, les jours qui passent, les délais « à ne pas dépasser ».
Puis les cris, ma main qui serre la sienne, la peur de mourir, le vertige face à l’immensité.
Il y a l’envie de tout dire, de tout écrire, de tout raconter. Pour ne pas oublier. Et puis le besoin de me taire et de me retirer pour m’offrir à l’expérience et intégrer.
Il y a l’indisponibilité, la fatigue, la monotonie, l’ennui. Un corps ouvert et fragmenté.
Il y a le service et la présence permanents et inconditionnels. Les jours qui se confondent, se suivent et se ressemblent. Un couple à reconstruire et à redéfinir. Une famille à découvrir. Des nuits qui deviennent des jours. Des jours qui deviennent des nuits. Le temps qui s’étirent et s’arrête. Puis qui m’échappe entre les doigts. La nostalgie des tout premiers jours. Le manque de mon ventre plein, rempli de ses mouvements. Le vide que dans ma chair je ressens depuis que son corps a quitté le mien.