Un cœur prêt à vivre
Ce matin je m’assois en tailleur dans le noir et je ferme les yeux pour respirer. Cela fait des semaines que j’essaie de me poser. De ralentir mes pas. De faire le vide de tous ces mois passés.
Je rêve de pouvoir me déposer un instant à mes côtés. Ecouter la vague de mon souffle. Entendre mon cœur. Mais chaque fois que je descends en moi, quelque chose se crispe. Mon ventre se serre. Mon mental se débat. Mon corps hurle. Comme si tout mon être se refusait à écouter. Comme si je n’osais pas ouvrir les yeux dans le noir de peur de ce que je pourrais y voir.
Pourtant je sais que c’est le seul chemin à suivre pour me retrouver.
La voie du silence.
La voie de l’abandon.
La voie de l’immobilité.
Alors je reste là. Avec mon courage.
Je traverse la peur. L’impatience. La douleur. La colère.
Je traverse la boule qui étouffe ma voix. Le sac de pierres dans mon cœur. La rage qui gronde au fond quelque part.
Je traverse l’océan qu’ont formé les larmes que je n’arrivais pas à verser.
Je reste là parce que j’ai confiance en ce qui se trouve de l’autre côté. Lorsque je fais face, que je ne résiste pas. Comme si une partie de moi savait. Que ce que j’évite de toutes mes forces est en fait la voie d’accès vers ma vérité.
Car soudain le bruit disparaît. Il n’y a plus de mouvement. Et ce que je perçois dans ce silence est immense.
J’y découvre un être infini. Dans un monde sans limite. Un cœur prêt à vivre. Et beaucoup de douceur. Et je réalise que ce que je redoutais de rencontrer était en fait ma lumière et ma grandeur.