Écrit à 42 semaines, quelques jours avant son arrivée, quand le corps se prépare des jours, des semaines, entre désespoir, attente et amour infini pour ce temps béni.

Des semaines que j’ai embarqué. Que je flotte entre deux mondes. Prête à te rencontrer.
Des semaines que je te crois arriver. Chaque jour. Que je pense toucher ce moment que j’attends. Impatiente.
Des semaines que les vagues m’emmènent loin, loin. Au large. Dans cet espace que j’ai tant redouté.
Que je sens mon ventre te masser, prendre soin de ton arrivée.
Je me perds des nuits entières dans un monde inconnu, qui à présent ne me fait plus peur. Mon corps se prépare. Mon coeur s’étire. Puis l’océan me ramène sur le rivage. Il n’est pas encore venu le moment de te rencontrer.

Le temps s’allonge. Les jours se suivent. Loin des chiffres, des dates, des attentes. Je fais confiance en ce moment que toi seule choisiras pour ton passage auprès de moi.

Chaque nuit je me crois sur le point de croiser ton regard puis tu décides de te laisser flotter dans mes eaux encore un peu. Comme tu as raison ma fille. De suivre ton rythme. De nous apprendre la lenteur. De nous faire ce cadeau. De ce temps que plus jamais nous ne revivrons.
Ton corps qui s’apprête à se séparer du mien. Repose-toi mon bébé. Laisse-toi encore bercer. Avant le grand voyage.
Dehors l’air t’attend. Le pluie bat si fort. Le vent te souffle déjà ses chants. Est-ce que tu entends?

J’ai confiance en ta capacité à naître. Ce moment que tu choisiras pour sortir et pour vivre car mon corps ne pourra plus te protéger. Alors je serai là pour te laisser glisser, te rattraper, te réchauffer. De l’autre coté de la peau, te découvrir. Continuer d’être ta gardienne.

Hier les larmes ont coulé, si fort. Le désespoir. La peur. Le barrage s’est brisé. Pour nous laisser passer. Retrouver la foi. Laisser la vie être notre guide. Peu importe la manière dont nous vivrons ce passage. Ma seule certitude est que ce sera loin de tout ce que j’ai pu vivre et imaginer.
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Aujourd’hui, 3 mois que tu es là.
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