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Tous les mots que je souhaite vous offrir

Cela fait plusieurs jours que j’essaie d’écrire aux femmes du cercle de lundi.
Des semaines que je veux écrire aux groupes des retraites de cet été.
Des mois que j’ai envie de reprendre l’écriture de mon livre.
J’ai tellement de choses à dire.
Tellement de choses à dire.
Et pourtant je suis là, sans mots.
Rien ne vient. Rien ne sort.
Comme si ce que j’avais vécu ces derniers mois était trop grand, trop fort.
Et qu’il n’y avait pas assez de mots.
Seulement le silence pour le vivre et le ressentir encore.

Tout se bouscule à l’intérieur.
Tout s’accumule. Les expériences vécues. Les paroles entendues. Nos rencontres improbables. Mon cœur qui ne sait plus quoi faire de tout ce qu’il a pansé, pardonné, aimé, traversé.
J’aimerais pouvoir le déposer quelque part. Pour que vous sachiez. Pour ne pas oublier.

Je suis submergée par des émotions que je ne connaissais pas encore. Elles me ballottent d’une rive à l’autre. C’est éprouvant. C’est remuant. Ça me coupe le souffle parfois et ça me donne le vertige.

J’ai peur que les souvenirs s’estompent avec le temps. J’ai peur de les abîmer avec des mots qui ne seraient pas à la hauteur. J’ai peur de cette page blanche. De ce vide qui m’absorbe. Dans lequel je résiste encore à plonger. J’ai peur de ne pas être la hauteur de tout ce que vous m’avez donné.
J’ai tellement guéri moi aussi. Mais c’est fatiguant de guérir. Parfois ça fait mal aussi. Quitter une peau pour en fabriquer une autre. Et en attendant se sentir si nue. Si vulnérable.
Et ça demande de s’accorder du temps. Beaucoup de temps. Pour que tout ce que l’on a remué redescende doucement tout au fond. Pour que les eaux troubles retrouvent leur clarté. Et pour que je puisse ensuite y lire peut-être tous les mots que je souhaite vous offrir.