J’entre dans le noir.
J’avance en silence.
Je respire dans mon ventre.
Le cœur qui bat.
L’immobilité de cette nuit mystérieuse.

Je sens leur présence autour de moi. Comme un voile qui se pose.
Et derrière, ce fil rouge qui me ramène à cet endroit. Des temps oubliés.

Je traverse les âges.
Je regarde les visages.
Je tiens les mains ridées.
Me souvenir de leur histoire.
Ne pas la connaître mais l’imaginer.
Découvrir leur présence. Pour la première fois. À toutes ces femmes d’hier qui ont été oubliées.

C’est elles que j’entends quand je chante.
Elles qui me donnent la force de me relever, d’avancer et d’aimer.
Mais je ne le savais pas.
Ces mères qui m’ont portée.
C’est en prière que pour elles j’avancerai dans l’obscurité.

Dans cette nuit sombre, je ressens l’appel de leurs Terres.
Celles que j’ai désertées.
Celles que je n’ai pas osé marcher.
Celles que j’ai préféré oublier.
Tant il y avait de souffrance.
Fuir notre histoire.
Oublier les chagrins, les pertes, les séparations et les regrets.
Et puis chanter et soudain ramener de la lumière. Dans les mythes, dans les non-dits, dans les secrets.

Regarder le ciel. Dans cette nuit glaciale. Sentir la profondeur de nos racines. Retourner au cœur du passé. Pour un instant les retrouver. Et les sentir si vivantes à mes côtés.

Je serai ce canal par lequel votre mémoire pourra passer. Pour vous laisser poussières d’étoiles mais ne jamais vous oublier.

𝐴 𝑚𝑒𝑠 𝑎𝑛𝑐𝑒𝑡𝑟𝑒𝑠, 𝑒𝑛 𝑐𝑒 𝑝𝑜𝑟𝑡𝑎𝑖𝑙 𝑑𝑒 𝑆𝑎𝑚ℎ𝑎𝑖𝑛